La pratique de Yanis Khannoussi interroge les structures de nos regards individuel et collectif, à travers une pratique de la sculpture et de la peinture abstraite. L’artiste met en objets les liens entre conception artisanale et prouesses techniques à travers des formes minimalistes. Sa pratique gravite autour d’une exploration radicale de la matière sous sa forme technologique, organique et narrative et son potentiel à nous donner une nouvelle appréhension de l’espace.
L’artiste adopte une esthétique simple et formaliste à première vue, pourtant à rebours des artistes minimaux sa grammaire est constituée de couleurs vives et de superpositions de gestes complexes.
Parallélépipèdes, sphères désaxées, et colonnes sont figés dans des aplats de résines réalisés avec précision par l’artiste. Ces formes statiques se déploient avec fluidité dans l’espace, l’artiste interroge alors notre rapport au temps, à la manière des objets interstellaires flottant dans l’apesanteur.
Pour l’artiste, les gestes répétitifs et précis doivent finir par s’effacer au profit d’un seul geste : celui d’une pièce à la finition parfaite dont on a du mal à s’imaginer les processus de création. Les œuvres de Yanis Khannoussi sont donc profondément abstraites, leur mécanique est contre nature, à la manière du monolithe de 2001 l’Odyssée de l’Espace, la série Pourtant, l’œuvre de Yanis Khannoussi est une œuvre artisanale, chaque pièce est sculptée, mastiquée, poncée puis soigneusement peinte à la main. Si les techniques sont souvent impersonnelles puisqu’elles sont comparables au savoir-faire d’un carrossier, leurs neutralisations, elle, sont bien conceptuelles.
Emma Passera