ARTISTE / Camille BEAUPLAN
Atelier Camille BEAUPLAN
Camille BEAUPLAN

EXTRAIT du texte "Le réel est bien plus grand vu du dedans" par Elisa Rigoulet pour DDA nouvelle Aquitaine.

(...) Accepter le désordre extérieur, accepter le désordre en soi et accepter enfin le désordre dans la peinture. Lâcher. Chérir le flou. Camille Beauplan lit en effet l’espace comme un livre, de gauche à droite et en deux dimensions. La peinture à l’huile devient alors le medium d’une plongée psychique et d’une rupture avec les plans, un refus de situer et de limiter la scène, une volonté de diluer. Tout devient mou, drapé, horizontal. Les supports eux-mêmes explosent, la toile devient parfois du papier, le papier se maroufle sur du carton, les motifs apparaissent sur des tapisseries en impressions sur vinyl mat, Camille Beauplan accepte d’explorer les possibles. C’est liquide et vertigineux. Le réel est bien plus grand vu du dedans. Dans cette nouvelle nécessité de vivre, la peinture doit être une odeur, une chaleur, une chair, un mouvement. L’artiste se tourne vers l’installation comme une extension de l’action dans l’espace, une nouvelle exploration de la vision, une omniscience du vivant. Le vivant d’ailleurs apparaît, et avec lui des figures. Elles viennent faire l’expérience du monde dont on avait déjà cerné la désolation. Elles vont certainement choisir un des sièges du tourniquet et essayer de le faire tourner.

On respire. Puis, on plonge. La vision est fracturée, anamorphosée, quasi psychédélique. Tout discute. Le fond et le sujet fusionnent dans un abandon définitif des plans. Les lumières, les textures, les ondulations dessinent un mouvement d’aspiration. « Déliquescence, déformation », dit l’artiste. C’est le règne de l’entre-deux magique. (...)

Camille BEAUPLAN