Gilles Durfort procède par élimination, il supprime l'anecdote, enlève le détail, efface le trait, abandonne le relief, simplifie. Sa formule va à l'épure.
Par l'anamnèse, ramenant le passé à l'instant, sans creuser dans une économie plastique, il dégage l'essentiel, la forme limite, minimale. Et sans tomber dans l'abstraction, il sauvegarde un profil, une tête, uns silhouette. Une simple trace, l'ellipse d'un geste suffisent à cette figure écran pour exprimer la quête intime, existentielle.
Venu de la photographie, le sculpteur adopte le plan. Ses têtes évoquent Miro, ses figurent celles d'un théâtre d'ombres.
Elles font songer aux gouaches découpées de Matisse, ce sont aussi les femmes-juments de Lam, chevauchant plusieurs plans et registres.
A travers ces créations, il conjure une destinée, exorcise drames et blessures, et dégage le sens d'une poétique de l'extime.
Dedans dehors, avant après,matière émotion se conjuguent, s'énamourent, ferraillent. Instant androgyne, criblé d'éclats d'avenir (l'essor d' Icare, l'orage de l'orgasme).
Naître, mettre au monde, co-naître, mettre à jour exaltent l'Altérité.
Martine Monteau, Docteur en histoire d'art, Paris, juin 2017