L’art de Damien Deroubaix apparaît à première vue comme sombre et révolté. En y regardant de plus près on saisit une multitude de références, de nuances et subtilités. Son oeuvre expressionniste témoigne de thèmes apocalyptiques où se projettent des images de l’Histoire et de l’actualité qui s’entrochoquent sans complexe avec l’esthétisme de la culture heavy metal et du grindcore, mélant à la fois ésotérisme, mythologie, folklore et histoire de l’art.

Damien Deroubaix met en scène des situations cauchemardesques peuplées de personnages monstrueux, au service d’une dévalorisation de l’idéologie marchande. Ainsi il fait cohabiter des ampoules noires, harpies, Victoire ailée, squelettes de danses macabres, carcasses animales, têtes coupées, statuettes Nkisi du Congo, chardons piquant, feux et ombres projettées sur les murs des cavernes… Les motifs récurrents et décontextualisés sont envisagés comme des fétiches, selon la critique Julie Crenn. Leur assemblage, dans un esprit iconoclaste, rappellent les montages Dada. Ils retracent aussi toute une généalogie artistique : Picasso, Goya, Bosch, Delacroix, Beckmann, Dürer…

Né en 1972 à Lille, Damien Deroubaix vit et travaille aujourd’hui entre Meisenthal et Paris. Formé aux Beaux- Arts de Saint-Etienne puis à Karlsruhe, il a depuis réalisé de nombreuses expositions dans les meilleures institutions européennes, ainsi que des résidences à Berlin et New York. En 2009, il est nominé au Prix Marcel Duchamp. Aujourd’hui ses oeuvres sont présentes dans d’importantes collections françaises et internationales. L’oeuvre de l’artiste français, en perpétuelle réinvention, a notamment fait l’objet d’un solo show au MAMCS à Strasbourg en 2019 dont le titre Headbangers Ball rend hommage à l’émission éponyme culte diffusée sur MTV dans les années 90.