Que se passe t il entre la toile blanche et la toile peinte ? Chaque personne détient une réponse nécessairement personnelle.

En ce qui me concerne, je dirai qu’il s’agit d’un voyage dont le cheminement et l’aboutissement relèvent de l’intensité et/ou de l’urgence du regard que je porte à l’intérieur de moi même.

Au fil de notre vie, nous entassons dans les labyrinthes de notre mémoire, des formes, des sons, des lumières qui s’accumulent, s’entremêlent et se nourrissent les uns les autres.

Peindre, c’est tenter de saisir, de traduire et de donner à voir les émotions produites par ce brassage permanent de ce que nous avons vécu, de ce que nous vivons.

Peindre, c’est tenter de formaliser ce qui a traversé notre corps, notre vie, ce qui l’a fait vibrer, ce qui l’a enrichi. Il n’y a rien de matériel là dedans : Il s’agit de formes, de présences, de sons, de lumières, d’étonnements, de peurs, d’émerveillements…

Peindre, c’est tenter de matérialiser un imaginaire qui n’existe nulle part dans la réalité sauf dans la tête et dans le cœur de l’artiste.

Cet imaginaire… Tel est le contenu de ce voyage entre la toile blanche et la toile peinte.

Sa traduction en images peut être fulgurante ou procéder d’un long cheminement : Tout dépend de la force et de l’évidence de ce qui cherche à se montrer.

Parfois, un geste unique, d’un seul tenant, suffit à atteindre ce but. D’autres fois, des errances, des tâtonnements, des doutes surgissent face à une complexité plus grande.

Cependant, la valeur de l’image qui aura été produite, ne dépend ni de sa fulgurance ni de sa lenteur : elle résulte de la véracité et de la sincérité de l’artiste dans la nécessité qu’il avait de l’exprimer.