Défaire pour faire, faire avec ce qui est défait
Mon parcours artistique a commencé il y a plus de 40 ans, avec une première exposition à 19 ans. Cherchant à construire un langage qui me soit personnel, j’ai choisi très tôt d’abandonner le « coup de pinceau » et de brosse pour d’autres techniques : impression à l’éponge, pochoirs, brumisations, projections de couleur liquide. Je cherchais à capturer la pure sensation, en jouant sur les textures, les transparences et les vibrations de couleur.
En intégrant des matériaux comme de la sciure de bois, du carton et surtout des textiles partiellement détissés, je me suis ouvert un monde graphique où ces matières tracent leurs propres lignes et motifs. Plus besoin de tenir ni crayon, ni pinceau. Peu à peu, la charge symbolique de ces matériaux s’est imposée à moi, si bien que mes œuvres ont pris écho de l’état du monde, exprimant rupture et continuité, déchirure et réparation, lien et déliaison.
Cette démarche s’est aussi enrichie d’une résonance personnelle. Ayant étudié l’histoire urbaine et sociale d’une vallée textile dans ma jeunesse, j’ai perçu plus tard le lien entre mon art et mon expérience de ce patrimoine industriel et social. Réalisées en grande partie à partir de matériaux récupérés, mes œuvres s’inscrivent dans une mémoire partagée, où la matière témoigne d’histoires de transformation, de fragilité et de résilience.