Ne pas laisser le monde aux mains des spécialistes. » En construisant des objets – à la fois hyperréalistes et néanmoins fictionnels – qu’il confronte à l’espace public, Julien Berthier reste fidèle à cette déclaration. L’artiste poursuit une ambiguïté permanente dans les œuvres et les situations qu’il produit. Il nous offre à la fois des objets plausibles (qui pourraient tout à fait exister dans le monde dans lequel nous vivons) et leur critique. Loin de l’idée d’améliorer le monde, l’artiste utilise l’ironie, en tant qu’acte de feindre l’ignorance pour susciter un questionnement, afin d’introduire une réflexion plus générale sur notre société. Les œuvres de Julien Berthier peuvent «modifier la vie sociale, contribuer à son amélioration, en démasquer conventions, aspects inaperçus ou refoulés [ce qui] revient à parler pareil (comme tout citoyen que concerne la vie publique en milieu démocratique) et autrement (en usant de moyens, d’ordre artistique, à même de susciter une attention plus aiguë, plus singulière que celle que permet le langage de l’art un langage social). Il s’agit de faire du langage de l’art un langage à la fois intégré, donc capable d’être entendu, et dissonant, c’est-à-dire dont le propos vient mettre en débat l’opinion dominante.

Julien BERTHIER