Née en 1997, diplômée de la Haute École des Arts du Rhin de Strasbourg en 2022, Cassandre Lepicard travaille dans son atelier à la Tour Orion au sein du collectif Non-étoile à Paris. En 2024, elle a exposé à la galerie Nocte et à la galerie Akié Arichi.
Partiellement sourde et atteinte d’acouphènes pulsatiles sévères (résonance des battements du cœur), Cassandre est en permanence ramenée à son intériorité. Cet écho inaltérable d’une machinerie interne révèle l’intimité que lui octroie son enveloppe corporelle car elle seule est capable de l’entendre. Il trahit un fonctionnement complexe et éludé, divulgue des bribes de secrets bien gardées au creux de ses entrailles. Le chant d’un condamné à perpétuité destiné à résonner dans cette prison de chair et d’os sans jamais réussir à s’en échapper. La limite avec l’extérieur, la peau, est maîtresse de ce qu’elle divulgue au monde et ne fait jamais écho de ces cris de détresse.
C’est de cette expérience quotidienne qu’est née sa fascination pour les enveloppes des choses qui trahissent parfois d’une couleur, d’une texture ou encore d’une faille, les secrets de ce qu‘elles recouvrent. Mais ces confidences sont souvent insignifiantes quant à la complexité des profondeurs qu’elles occultent. La pauvreté de ce que l’on peut observer, entendre ou sentir met en évidence la limite de nos capacités sensorielle. Notre expérience du monde n’en est qu’un point de vu, subjectif et dérisoire.
L’envie d’aller au-delà de ce que propose son corps pour appréhender le monde la pousse à le regarder intensément, longuement. A le dessiner, l'observer de plus près au microscope.