Les recherches artistiques de Alain-Jacques LEVRIER-MUSSAT se fondent à l’origine sur l’énigmatique densité d’un pigment bleu. Durant plusieurs années, l’artiste s’est astreint à décliner un carré de lumière, un carré aux dimensions et à la scripturalité changeante. Un carré, comme une tête, comme une équation, dont la géométrie s’est imposée comme le seul dessin possible. Inspiré de prime abord par les formes pures et les jeux d’iridescence, il nourrit aussi dans la confidentialité de son atelier, un intérêt pour un « naturalisme » très éloigné de l’art concret.
La géométrie dans son travail est l’incidence d’une observation méthodique du réel. Il s’impose ainsi un protocole qui passe par des expériences de chimie, par l’analyse des constituants de la matière, du moléculaire au bulbaire, de l’organique au minéral.
Une donnée essentielle, à l’origine de ses travaux récents, est décrite dans un vieux manuel d’ornithomancie. Cette légende est peut-être la part de lyrisme retrouvé dont il s’est toujours défendu. Pendant des années, Alain-Jacques Levrier-Mussat peint des centaines de carrés de lumière sans comprendre véritablement pourquoi. Peut-être y avait-il une suite à construire.
Dessiner un carré est, pour l’artiste, un rituel ancestral qui permet de circonscrire « un territoire qui ne peut l’être ».
Cette forme a toujours symbolisé le fini.
Autour du carré que l’on peut vraisemblablement interpréter comme un ciel dans son travail, prolifère désormais une syntaxe cosmogonique. L’artiste a ainsi l’impression de se fabriquer « un monde ». Dans son esprit, il se hiérarchise comme un cabinet de curiosités constitué de petits objets aux formes primaires et initiatiques, de boîtes optiques et de chambres noires. Par le dessin ou la gravure, il reproduit des coupes de cellules, des cristaux d’eau, des croissances fractales, des rythmes d’oscilloscope… Il réalise des installations avec des pyrites et d’autres pierres géométriques qui évoquent des territoires perdus, des constellations, des cartes cosmiques…